Dans l’exploration du couple infertile, le spermogramme et spermocytogramme sont toujours les examens de 1ère intention. La technique de référence reste la technique manuelle et la plupart des laboratoires d’analyse médicale peuvent réaliser ces examens, même si souvent les prescripteurs préfèrent qu’ils soient réalisés dans un laboratoire expérimenté en raison des variations inter-laboratoires importantes.

Dans notre laboratoire nous avons évalué le Sperm Class Analyser (SCA, Microptic*, Espagne) en le comparant à la technique de référence manuelle. Nous avons aussi réalisé une adaptation technique pour proposer pour la 1ère fois l’analyse morphologique automatisée selon la classification de David modifiée par Auger.

Des études multicentriques ont montré pour le paramètre concentration en spermatozoïdes, l’un des moins subjectifs des paramètres analysés, des coefficients de variations (CV) inter-laboratoires variant de 21% à 80% (Brito et al., 2016). Ces variations, principalement liées aux écarts inter-opérateurs, nous ont conduits à nous orienter vers l’automatisation de l’analyse du spermogramme. Si l’automatisation est très largement utilisée dans les laboratoires pour la biologie polyvalente elle n’a que peu investi le champ de la spermiologie. Des appareils CASA (Computer Assisted Sperm Analysis) sont apparus sur le marché dès 1985 avec des évolutions techniques régulières (revue dans Amann & Waberski, 2014) mais leurs résultats sont assez discordants et pour la morphologie, leurs logiciels sont souvent adaptés à une classification différente de celle majoritairement utilisée en France. L’arrivée sur le marché d’automates plus adaptés, la mise en place de l’accréditation avec son cortège de contrôles de qualité et la nécessité de voir diminuer les variations inter- et intra-laboratoires ouvrent une place à ces automates. Dans notre laboratoire nous avons évalué le Sperm Class Analyser (SCA, Microptic*, Espagne) en le comparant à la technique de référence manuelle. Nous avons aussi réalisé une adaptation technique pour proposer pour la 1ère fois l’analyse morphologique automatisée selon la classification de David modifiée par Auger (Auger et al., 2016).

Le système SCA est composé d’un microscope équipé d’une caméra numérique, d’une platine chauffante motorisée, et d’un logiciel d’analyse d’images (Microptic SL*) équipé d’un filtre analytique qui permet d’éliminer les événements d’analyse incohérents (débris cellulaires, têtes ou flagelle isolés).

L’analyse automatisée de la concentration, mobilité, vitalité et morphologie comparée à la méthode manuelle retrouvent des résultats très similaires avec la méthode manuelle (pour chaque paramètre au moins 30 spermes ont été évalués). Ces comparaisons ont été réalisées sur un grand nombre d’échantillons de patients pour couvrir toutes les situations normales et pathologiques de chaque paramètre et pour tenir compte aussi de la grande variabilité des échantillons de sperme pour un même patient, ce qui est une difficulté particulière de cet analyse. Ces 2 méthodes sont donc comparables (distribution normale des populations et comparaison par le calcul de la droite de régression par la méthode des moindres carrés).

De plus, pour chacun des paramètres étudiés, les CV de répétabilité diminuent nettement avec l’analyse automatisée. Par exemple pour un sperme normal, avec l’analyse manuelle et automatisée on retrouve respectivement un CV de 9,0% et 4,4% pour la concentration de spermatozoïdes, de 7,3% et 2,4% pour la vitalité et enfin de 11,4% et 4,1% pour la morphologie.

Les CASA de dernière génération sont devenus des outils précieux pour l’analyse en routine des principaux paramètres du spermogramme, leur analyse est rapide et fiable. L’apprentissage à l’utilisation du CASA est rapide pour une technicienne qualifiée en spermiologie manuelle. Toutefois cette technologie ne remplacera pas complètement l’expertise manuelle notamment dans le cas des valeurs très basses en concentration où l’automate atteint ses limites. Le maintien de compétence des techniciennes en spermiologie manuelle devra être maintenu dans les laboratoires.

L’utilisation du système CASA, malgré son cout encore élevé, apporte au laboratoire de biologie médicale une amélioration de la robustesse de ses résultats pour une analyse qui a déjà des plages de normalité très grandes (WHO, 2010). C’est aussi la première fois qu’un automate de ce type peut rendre des résultats de morphologie des spermatozoïdes selon la classification de David modifiée par Auger (Auger et al., 2016).

En savoir +

  • Amann RP & Waberserski D. (2014) Computer-assisted sperm analysis (CASA): capabilities and potential developments. Theriogenology 81, 5–17.
  • Auger J, Jouannet P & Eustache F. Another look at human sperm morphology. (2016) Hum Reprod 31, 10–23.
  • Brito LFC, Althouse GC, Aurich C, Chenoweth PJ, Eilts BE, Love CC, Luvoni GC, Mitchell JR, Peter AT, Pugh DG & Waberski D. (2016) Andrology laboratory review: evaluation of sperm concentration. Theriogenology 85, 1507-1527.
  • World Health Organization. (2010) WHO laboratory manual for the examination and processing of human semen (5th edn), WHO Press, Geneva.

 

Dr. André Force et Dr. Benoit Schubert